Moments d'Histoire

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Maîtresses et favorites de France

Derrière chaque grand homme il y a une grande femme dit-on. Et bien, derrière les rois de France, il y a souvent plusieurs femmes, qui ont exercé une influence parfois immense sur les souverains au pouvoir. Quelques grands rois de France ont entretenu des liaisons intenses avec leurs maîtresses et leurs favorites. Ces dernières ont joué un rôle majeur dans le règne de certains rois, parfois bien plus que les reines de France.

D’ailleurs, le terme de « maîtresse » est à nuancer. Si dans les faits, les femmes qui s’attirent les faveurs du roi sont appelées des maîtresses, le terme n’est quasi jamais employé pour décrire ces relations. On parle davantage « d’aventures amoureuses ». Le terme de favorite est grosso modo un synonyme et désigne également les maîtresses des rois. Si certaines sont tombées aux oubliettes, d’autres ont joué un rôle majeur dans le règne du roi avec lequel elles entretenaient une liaison.

Des femmes comme Agnès Sorel ou encore Diane de Poitiers ont été des soutiens de premier plan pour respectivement Charles VII et Henri II. Elles ont côtoyé le pouvoir de près, au point d’influencer les choix politiques des rois. Citons par exemple Henri II qui ne voyait que par Diane de Potiers, au point de délaisser sa femme, la célèbre et puissante Catherine de Médicis. Dans cet article, nous allons nous pencher sur quelques-unes de ces maîtresses, qui ont non seulement marqué le règne de leur amant, mais également l’histoire de France.

Qui était Agnès Sorel ?

Agnès Sorel fut la grande favorite de Charles VII, roi de France de 1422 à 1461. On dit même qu’elle fut la première favorite royale officielle dans l’histoire de France. Agnès Sorel est née l’année du sacre de Charles, en 1422. Son lieu de naissance divise les historiens, certains évoquant la Picardie, d’autres la Touraine. Agnès Sorel est issue d’une famille de la noblesse, bien qu’on ne sache pas véritablement quand et comment sa famille a été anoblie. Nous ne savons pas grand-chose de sa jeunesse puisque la jeune femme se fait connaître par sa liaison avec le roi de France de l’époque, Charles VII. Agnès grandit probablement en Picardie et reçoit une éducation distinguée, qui en fait une femme lettrée, cultivée et raffinée. Ces qualités lui valurent d’être demoiselle d’honneur à la cour de Lorraine, auprès d’Isabelle Ière de Lorraine, épouse du célèbre et puissant René d’Anjou.

Agnès Sorel
Agnès Sorel, favorite de Charles VII

Charles VII a été sacré en 1422 dans le contexte de la guerre de Cent Ans. Grâce, entre autres, à Jeanne d’Arc, il a récupéré du terrain et repoussé les Anglais. Se félicitant de ses victoires, il organise probablement en 1443 ou 1444 une fête au château narbonnais de Toulouse. Charles VII est accompagné de son épouse, Marie d’Anjou. Le roi décide de convier le frère de sa femme, René d’Anjou. Ce dernier se rend ainsi à Toulouse avec sa femme, Isabelle, et ses demoiselles d’honneur, parmi lesquelles se trouve la jeune Agnès Sorel. Isabelle présente ses dames au roi. C’est le coup de foudre pour Charles VII. Le roi tombe quasi instantanément sous le charme de la jeune femme. Charles VII disait d’Agnès Sorel qu’elle était « la plus belle de toutes ». La jeune femme est elle aussi tombée amoureuse du roi de France. 

Agnès Sorel à la cour de France

Agnès Sorel devient ainsi la favorite de Charles VII. Elle rejoint la cour peu de temps après cette rencontre à Toulouse. Elle reçoit un accueil plutôt cordial, certains courtisans se liant d’amitié avec elle. En 1444, Agnès met au monde une fille, Marie, de sa liaison avec le roi. Un peu plus tard, au cours d’une fête organisée en à Nancy, le roi présente devant ses courtisans Agnès Sorel, qui, vêtue d’argent, fait sensation. Agnès Sorel devient ainsi la première favorite officielle de l’histoire de France. Auparavant, les maîtresses des rois se devaient de rester à l’écart, loin du couple royal officiel.

Charles VII
Charles VII

À la cour, Agnès vit une vie fastueuse. C’est une femme heureuse, vivace et festive. Elle développe à la cour de Charles VII une véritable mode vestimentaire. Agnès invente le décolleté et s’affiche régulièrement avec de longues robes faites avec des tissus élégants et raffinés. La favorite du roi se trouve également une passion pour les accessoires précieux. Elle se lie d’amitié avec Jacques Coeur, marchand renommé et grand argentier du roi, qui lui fournit de somptueux habits ornés de pierres précieuses. Auprès du roi, elle exerce une influence importante. Agnès Sorel surveille de près l’entourage de Charles VII et le conseille dans ses amitiés. Le bonheur d’Agnès fait le plus grand malheur de la femme du roi, Marie d’Anjou, qui est rongée par la jalousie. L’enfant du couple royal, le futur Louis XI, ne supporte pas que son père se fourvoie de la sorte et délaisse son épouse. Louis aurait même tenté d’assassiner la favorite du roi.

Comment est morte Agnès Sorel ?

Agnès Sorel a plusieurs enfants de sa liaison avec le roi de France. Charles VII et sa favorite donnent naissance à 3 filles. Pour contourner tous les soucis de légitimité, le roi décide de tout bonnement de les légitimer, de quoi irriter un peu plus son épouse. Cependant, Agnès Sorel décède tragiquement des suites d’un accouchement dans la souffrance. En 1450, elle met au monde sa quatrième fille, un mois avant le terme. L’accouchement plonge Agnès dans une profonde souffrance physique, qui la rend méconnaissable. Elle est prise de maux de ventre déchirants et de maux de tête insupportables. Charles VII est très inquiet. La favorite du roi meurt finalement le 9 février 1450, à 28 ans, dans d’atroces souffrances.

La mort d’Agnès Sorel va donner lieu à tout un tas de théories sur son origine. Beaucoup croient à un empoisonnement, une théorie cohérente quand on connaît l’aversion qu’elle pouvait susciter. Louis XI est logiquement accusé, mais Jacques Coeur également, alors qu’il était proche de la jeune favorite. Même si la théorie de l’empoisonnement se limite à des spéculations, cette piste n’est sans doute pas aussi farfelue qu’elle en a l’air. Des études récentes ont montré qu’Agnès affichait des troubles digestifs résultant de l’absorption de sels de mercure en grande quantité. À une certaine dose, le sel de mercure devient tout simplement du poison. Agnès Sorel aurait-elle donc été victime d’un assassinat ? Quoiqu’il en soit, la favorite de Charles VII a profondément marqué le règne du roi, jusqu’à devenir la première favorite royale officielle de l’histoire de France.

Diane de Poitiers, maîtresse d'Henri II

Qui était Diane de Poitiers ?

Diane de Poitiers est l’une des maîtresses les plus célèbres de l’histoire de France, et ce, à bien des égards. Elle est la favorite du roi Henri II, fils de François 1er, qui régna de 1547 à 1559. Diane de Poitiers naît probablement le 9 janvier 1499, dans le Dauphiné, ancienne province du royaume au sud-est de la France actuelle. Diane est issue d’une famille noble, proche du pouvoir royal. Son grand-père fut l’époux de la fille du roi de France Louis XI. Notons également que ni Diane ni sa famille n’ont de lien avec la ville de Poitiers. En réalité, le nom « Poitiers » vient d’un lieu-dit de sa région natale, le Dauphiné. Diane épouse à l’âge de 15 ans un certain Louis de Brézé, qui n’est autre que le petit-fils de Charles VII et de sa favorite, Agnès Sorel. Autrement dit, Diane de Poitiers semble quasi destinée à approcher le pouvoir royal. 

Diane de Poitiers
Diane de Poitiers, maîtresse d'Henri II

La suite des événements confirmera cette trajectoire. Diane devient demoiselle d’honneur de la reine Claude France, épouse de François 1er et également fille d’Anne de Bretagne. Lorsque que Claude de France meurt et que François 1er se remarie, Diane devient la demoiselle d’honneur de la nouvelle reine de France, Éléonore de Habsbourg. Des rumeurs ont circulé quant à une possible relation avec le roi François 1er, mais aucune preuve ne permet de l’attester. Quoiqu’il en soit, c’est avec son fils, Henri II, qu’elle entretiendra une relation. 

La relation entre Henri II et Diane de Poitiers

À 15 ans, le futur roi de France et son frère sont placés sous l’autorité de Diane de Poitiers, qui devient ainsi leur préceptrice. Première dame de la reine, Diane connaît bien les enfants de François 1er. Le jeune Henri ne va pas tarder à s’éprendre d’amour pour la jeune femme, bien plus âgée que lui. Pourtant, Henri est déjà marié depuis 1533 à la célèbre Catherine de Médicis. Il s’agit d’un mariage hautement politique, voulu par François 1er. Cependant, le coeur d’Henri bat pour la belle et raffinée Diane. Cette dernière, pourtant très appliquée dans son rôle de préceptrice, ne parvient pas à cacher l’affection qu’elle porte également au jeune homme. Les historiens estiment qu’Henri et Diane sont devenus amants aux alentours de 1536, le premier âgé de 17 ans, la seconde 36 ans. 

En 1547, François 1er décède et Henri monte sur le trône sous le nom d’Henri II. Diane de Poitiers devient donc la favorite du roi de France, aux dépens de la reine, Catherine de Médicis. Concernant la teneur des relations entre Diane et Henri, beaucoup d’historiens restent divisés sur la question. Bien que leur amour ne fasse aucun doute, les deux amants restent discrets et ne se montrent que très peu ensemble en public. Si elle se montre à l’écart du roi en public, Diane s’avère très proche d’Henri II en privé, au point d’exercer sur lui une influence considérable. Les historiens sont assez divisés sur son action politique, mais il y a fort à parier qu’elle fut une conseillère importante d’Henri II. Selon certaines sources, Henri II rendait visite à sa maîtresse après chaque déjeuner pour échanger avec elle sur les affaires du royaume. 

Henri II, roi de France
Henri II, roi de France de 1547 à 1559

Surtout, Diane aurait influencé les décisions d’Henri II dans le sulfureux contexte des guerres de religion, qui déchirent le royaume. Tout l’enjeu du règne d’Henri II est de parvenir à composer avec la montée en puissance des protestants. Entre conservatisme catholique et tolérance humaniste, le roi oscille, mais la favorite tranche. Diane de Poitiers aurait manifesté très tôt son antipathie envers les protestants et aurait de ce fait poussé Henri II à serrer la vis face au développement du  protestantisme. Elle aurait même rallié à sa cause des proches du pouvoir royal, qui restaient indécis.

La mort de Diane de Poitiers, favorite du roi de France Henri II

Pendant ce temps-là, la reine, Catherine de Médicis, bien au fait de la relation entre Diane et son époux, est isolée, à l’écart. Il faudra attendre la mort d’Henri II pour que la reine revienne sur le devant de la scène. D’ailleurs, lorsque l’on évoque le règne de Catherine de Médicis, on fait bien souvent référence aux régences qu’elle exerce du temps de la minorité de ses enfants, après la mort de son époux. Elle en tirera même un surnom peu flatteur, celui de « la régente noire ». Henri II meurt en 1559, des suites d’une blessure survenue lors d’un combat de joutes. Alors que son entourage lui déconseillait d’y participer, Henri n’en fera qu’à sa tête et en paiera le prix de sa vie. Diane de Poitiers ne se rendra pas au chevet du roi pour assister à son dernier souffle, comme une marque d’humilité face à la reine. Catherine se montrera tolérante avec celle qui lui a volé la vedette pendant plus d’une décennie. Elle laisse à Diane la plupart des fiefs et biens que le roi lui a donnés. Diane décède au château d’Anet, en 1566, à l’âge de 66 ans. 

Gabrielle d'Estrées, maîtresse d'Henri IV

Qui était Gabrielle d'Estrées ?

Gabrielle d’Estrées fut sans aucun doute l’une des maîtresses les plus célèbres du roi Henri IV. Pourtant, le monarque en avait plus de 70 ! Mais la jeune Gabrielle a marqué le coeur du roi un peu plus que les autres. Gabrielle d’Estrées naît en 1573 au château de Coeuvres, dans le nord de la France. Elle est issue d’une prestigieuse famille de la noblesse et côtoie dès son plus jeune âge les hautes sphères de la société. Son père était marquis de Coeuvres. Gabrielle grandit dans un milieu où la réputation des femmes est assez particulière puisque ses soeurs sont connues pour leur capacité à séduire les hommes, souvent à des fins financières. La jeune Gabrielle n’y échappe pas. Elle entretient très tôt une relation avec un homme, contre une somme d’argent que sa mère récupère. Cette dernière finit par fuir le foyer familial avec son amant après avoir amassé assez d’argent. Gabrielle grandit donc un milieu familial un peu particulier.

Gabrielle d'Estrées
Gabrielle d'Estrées

Gabrielle d’Estrées est présentée à Henri IV assez tôt. En 1590, alors que les armées d’Henri IV mettent sur le siège sur Paris pour repousser la ligue catholique qui lui fait face, Roger de Bellegarde, proche du roi, lui parle de sa superbe maîtresse, une certaine Gabrielle d’Estrées. Cette dernière n’a alors que 17 ans. Henri IV rencontre la jeune femme au château de Coeuvres et tombe immédiatement sous le charme. Néanmoins, on ne peut pas en dire autant de Gabrielle, qui refuse les avances faites par le roi. Notons qu’à cette époque, Henri IV est marié à Marguerite de Valois, appelée la Reine Margot, fille de Catherine de Médicis. Le couple vit séparé et chacun profite de son côté des plaisirs de la vie, pour ne pas dire que chacun commet l’adultère. Toujours est-il que Henri IV s’éprend d’amour pour la jeune Gabrielle d’Estrées, un amour qui lui sera refusé pendant près de trois ans, jusqu’à ce que la jeune femme finisse par céder aux avances du roi. Elle a 20 ans, il en 40. 

La relation entre Gabrielle d'Estrées et Henri IV

En 1592, Henri IV fait marier sa maîtresse à un aristocrate dans le but de garder la jeune femme près de lui et loin de sa famille. Finalement, Henri fait prononcer le divorce à peine trois ans plus tard, invoquant l’impuissance de l’aristocrate. Il s’agissait certainement d’un prétexte pour briser le lien du mariage et faire venir Gabrielle à la cour. Le roi crée pour elle le duché de Beaufort et en fait d’elle la duchesse. Il lui offre également le château de Montceaux-les-Meaux. Même si Gabrielle fait encore preuve de réticence, Henri IV gâte autant que faire se peut sa maîtresse. D’ailleurs, cette fâcheuse tendance à enrichir ses maîtresses irritera la population et la cour, dans un contexte de marasme économique. Le peuple est pauvre, la maîtresse du roi est riche, voilà le cinglant constat de la France du début du règne d’Henri IV. 

Henri IV de France
Henri IV

De ce fait, Gabrielle d’Estrées est détestée par la cour du roi. Malgré cela, l’amour du roi pour la jeune femme ne diminue pas et la flamme reste intacte. Ensemble, ils vont avoir plusieurs enfants. Ces naissances ont de quoi réjouir Henri IV alors que son épouse Marguerite de Valois ne parvenait toujours pas à lui donner un héritier. Le roi de France va même jusqu’à reconnaître deux de ses enfants bâtards. C’est la première fois dans l’histoire de la monarchie française. Dans le même temps, Gabrielle reste détestée à la cour, au point d’être appelée « la duchesse d’ordure ». 

La mort prématurée de Gabrielle d'Estrées, maîtresse d'Henri IV

Cette haine va s’accentuer lorsque Henri IV fera part de sa volonté d’épouser Gabrielle. En 1599, lors d’une fête au palais du Louvre, Henri IV annonce son intention d’épouser sa maîtresse, alors même qu’il est toujours marié à Marguerite de Valois et que le pape Clément VIII veut lui offrir la main de sa fille, Marie de Médicis. La maîtresse est en passe de devenir reine de France. Seulement, il faut d’abord qu’Henri IV fasse annuler son mariage avec Marguerite de Valois, qu’il traite avec mépris et indifférence. Le monarque fait tout son possible pour faire annuler son mariage auprès du pape, qui se montre réticent. La colère populaire monte face à l’attitude du roi. Seulement, le problème disparaît le 10 avril 1599 lorsque Gabrielle meurt subitement, des suites de douleurs au ventre après avoir mangé un citron givré au cours d’un repas quelques jours plus tôt. Évidemment, beaucoup crient à l’empoisonnement. Mais en réalité, rien ne nous permet de déterminer clairement la cause de la mort de la maîtresse d’Henri IV. Toujours est-il que Gabrielle d’Estrées a occupé une place particulière dans la vie du roi bourbon. Elle n’a jamais été reine, mais elle a été traitée comme telle par un roi fou amoureux et parfois un peu outrancier. 

Madame de Maintenon, maîtresse de Louis XIV

Qui était Madame de Maintenon ?​

Madame de Maintenon possède un statut tout à fait particulier dans l’histoire de France. Elle fut d’abord la gouvernante des enfants bâtards du roi de France Louis XIV, puis sa maîtresse et enfin son épouse. Autrement dit, elle a été une femme importante voire déterminante dans la vie du Roi-Soleil. Madame de Maintenon, ou de son vrai nom Françoise d’Aubigné, naît en 1635 dans la ville de Niort. Petite-fille du célèbre poète Agrippa d’Aubigné, la jeune femme connaît une enfance difficile, sur l’île de Marie-Galante, au nord des Antilles. Son père avait été envoyé là-haut en qualité de gouverneur pour développer la culture de la canne à sucre. Là-haut, la future épouse secrète de Louis XIV explique que sa famille vivait dans la pauvreté. 

Madame de Maintenon
Françoise d'Aubigné, plus tard Madame de Maintenon

Lorsqu’elle revient en France, Françoise d’Aubigné, âgée de 16 ans, épouse le célèbre poète Paul Scarron. Ce mariage est relativement opportuniste. Françoise était pauvre et la dot allait lui apporter un peu d’argent pour joindre les deux bouts. Malgré cet aspect opportuniste, Françoise d’Aubigné exerce une influence considérable sur le poète vieillissant. Elle apprend beaucoup de Paul Scarron, qui lui apporte de la culture et une certaine forme d’élévation intellectuelle. Surtout, dans les salons lettrés que le poète organise, elle rencontre des personnalités de renom et commence à se faire remarquer. Lorsque Paul Scarron meurt en 1660, Françoise n’hérite que de dettes et du surnom « veuve Scarron ». 

La rencontre entre Madame de Maintenon et Louis XIV

En 1669, sa vie va profondément changer. La jeune femme est choisie par Madame de Montespan, maîtresse de Louis XIV, qu’elle avait rencontrée auparavant, pour devenir la gouvernante des bâtards royaux. C’est ainsi que François d’Aubigné fait son entrée à la cour du roi de France. Dès les premiers instants, elle se montre très attentionnée et bienveillante avec les enfants de Madame de Montespan et de Louis XIV, chose que le couple remarque et apprécie. Cependant, Françoise ne va pas tarder à susciter de la jalousie chez Madame de Montespan, en particulier lorsque les enfants bâtards sont légitimés. Quoiqu’il en soit, la gouvernante s’attire les faveurs du roi. En 1675, Louis XIV lui offre une importante somme d’argent, qui lui permet d’acheter la terre de Maintenon et d’en porter le nom. Ainsi, Françoise d’Aubigné devient Madame de Maintenon. 

Louis XIV
Louis XIV

En 1683, intervient un événement qui va changer le cours de la vie de Madame de Maintenon. Cette année-là, Marie-Thérèse d’Autriche, reine et épouse de Louis XIV, décède et laisse derrière elle un grand vide. C’est une perte immense pour le roi de France, qui ne peut rester sans une femme à ses côtés. En parallèle, Madame de Montespan tombe progressivement en disgrâce. L’affaire des poisons ne fait qu’aggraver la chute de Mme de Montespan. Séduit par le charme de la gouvernante, Louis XIV épouse secrètement Madame de Maintenon en 1683. Cette dernière devient, plus ou moins secrètement, reine de France. 

L'influence de Madame de Maintenon sur le roi Louis XIV

L’influence que Madame de Maintenon a exercée sur le roi est assez difficile à évaluer. Ce dernier lui rend visite quotidiennement dans son appartement, pour s’y détendre, y travailler, ou y recevoir ses ministres. Louis XIV était donc très proche de sa femme, qu’il aimait beaucoup. Cependant, la frontière entre l’influence au quotidien et l’influence dans les décisions politiques est assez floue. Même si le mariage entre Louis XIV et Madame de Maintenon coïncide avec une certaine évolution du régime, il est impossible de dire si l’ancienne gouvernante y est pour quelque chose. Malgré tout, certains historiens tendent à pointer du doigt l’influence de la reine secrète dans certaines décisions du roi. Par exemple, Madame de Maintenon aurait poussé Louis XIV à révoquer l’édit de Nantes en 1685 par l’édit de Fontainebleau, interdisant à nouveau le culte protestant au sein du royaume. Une fois encore, il est difficile d’évaluer le poids de la reine dans la décision finale, d’autant plus que Louis XIV avait déjà entamé depuis longtemps un processus d’éviction de la foi protestante. La révocation de l’édit de Nantes n’était donc que la suite logique de l’oeuvre politique du roi. Toujours est-il que Madame de Maintenon a joué un rôle essentiel dans la vie personnelle du roi. 

En août 1715, Madame de Maintenon, âgée et fatiguée, se retire à Saint-Cyr, loin de la cour. Quelques jours plus tard, le roi de France Louis XIV rend son dernier souffle après un règne long de 72 ans, faisant de lui le monarque ayant régné le plus longtemps dans l’Histoire. Madame de Maintenon meurt à Saint-Cyr en 1719, à l’âge de 83 ans, laissant derrière elle les traces d’un parcours remarquable, de la pauvreté au plus haut rang de la cour royale. 

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