Moments d'Histoire

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Les grandes victoires de Napoléon Bonaparte

Napoléon Bonaparte arrive au pouvoir le 9 novembre 1799 par un coup d’État, en tant que premier consul de la République. Le Directoire laisse alors sa place au Consulat. Napoléon s’était déjà illustré sur les champs de bataille au sein de l’armée républicaine, faisant montre de ses qualités de dirigeant et de meneur. Il en fait de même à la tête du pouvoir exécutif en apportant un peu de stabilité au pays, encore largement agité par les troubles de la Révolution. Le 12 mai 1802, par un vote du Sénat, Napoléon Bonaparte devient consul à vie. Mais bien plus encore, il se couronne lui-même empereur des Français le 2 décembre 1804, faisait un pays un empire. Un empire, que Napoléon souhaite étendre au-delà de ses frontières.

La guerre va rapidement devenir un élément essentiel de la politique du nouvel empereur. Fort d’une armée d’hommes déterminés, aguerris et expérimentés, rassemblés sous le nom de Grande Armée, il mène ses troupes en Prusse, en Russie ou encore en Italie, conquérant toujours plus de territoires avec un génie militaire parfois stupéfiant. Face à la France, les pays européens se rassemblent sous forme de coalitions, donnant lieu à différentes guerres. Napoléon engrange des victoires retentissantes, face à des adversaires redoutables et souvent coalisés. Quelques grandes batailles de Napoléon résonnent encore aujourd’hui comme de grands moments de l’histoire militaire. Alors, prenons le temps de revenir ensemble sur quatre grandes victoires de Napoléon !

Portrait de Napoléon
Napoléon Bonaparte

Retrouvez l’épisode du podcast À travers l’Histoire sur Schulmeister, espion de Napoléon !

Napoléon et la Grande Armée

S’il est vrai que Napoléon a fait preuve d’un génie militaire remarquable au cours des guerres qu’il a menées, il est important de rappeler que son armée a joué un rôle majeur dans ses grandes victoires. Réputée dans toute l’Europe, la Grande Armée suscite régulièrement l’effroi de ses adversaires, par sa ténacité, son organisation et sa puissance de feu. Napoléon apporte une certaine structure à l’armée, qui avait été déjà remaniée sous l’Ancien Régime. Il développe les divisions et corps autonomes, sur-entraînées et qui communiquent parfaitement entre eux. Ainsi, il peut aisément mener des attaques sur différents flancs et ne pas remettre le sort d’une bataille sur l’armée entière. Battre une division de l’armée napoléonienne ne voulait sûrement pas dire gagner la bataille. L’empereur peut compter sur ses généraux, qui s’avèrent des meneurs d’hommes hors pair. Davout, Murat ou encore Lannes sont des noms qui résonnent encore dans l’histoire militaire. Napoléon est à l’origine de tout un tas d’innovations militaires qui ont participé à la puissance de la Grande Armée.

D’abord, Napoléon développe une économie orientée vers la guerre, au sein d’une diplomatie offensive et guerrière. En faisant ainsi, il maintient autant que faire se peut la guerre hors de France, épargnant les populations et les ressources nationales. Sur le champ de bataille, l’empereur mise beaucoup sur son artillerie, dont la puissance de feu est redoutée dans toute l’Europe. Dans ses stratégies, il intègre régulièrement des offensives éclaires de son artillerie, qui ont pour but de briser des lignes et d’ouvrir des fronts. Comme nous l’avons dit, Napoléon organise son armée en divisions et en corps, qui sont de véritables morceaux d’armée qui peuvent agir de façon autonome. Ces derniers sont très mobiles, intelligemment organisés et connaissent parfaitement leur rôle.

Comment se compose la Grande Armée de Napoléon ?

Sous l’Empire, l’armée française compte plus de 2 millions d’hommes, soit quasi 7% de la population. Autrement dit, Napoléon lève une gigantesque armée à la hauteur de ses ambitions en Europe. Par une habile propagande et une fine stratégie, il a réussi à fédérer ses hommes autour de lui, alors même qu’il les faisait marcher des milliers de kilomètres à travers l’Europe, combattre dans des conditions rudes et affronter des ennemis parfois redoutables. Certains ont payé les frais de ses ambitions toujours plus grandes : des soldats qui tombent de fatigue, d’autres qui meurent de faim ou qui se cassent les pieds à cause du froid. Ces braves hommes sont soumis à une discipline peu égalée, sont souvent mal payés, voire pas du tout, et manquent parfois de vivres. Malgré tout, ils sont toujours restés fidèles à l’empereur et à ses généraux, qui incarnaient le courage et la bravoure. Napoléon était proche de ses hommes. Il leur parlait beaucoup et prenant autant qu’il pouvait le temps de leur adresser un petit mot avant chaque grande bataille. Tout cela a très certainement été la clef de la réussite de la Grande Armée, qui a réussi à battre toutes les grandes armées de l’époque et à mettre l’Europe à ses pieds.

La bataille d'Austerlitz (2 décembre 1805) : une victoire éclatante de Napoléon

Le contexte de la bataille d'Austerlitz

La bataille d’Austerlitz est sûrement l’une des plus grandes prouesses militaires de Napoléon. Le 2 décembre 1805, un an après son couronnement impérial, il mène la Grande Armée aux alentours d’Austerlitz et défait une armée russo-autrichienne menée par Frédéric 1er de Prusse et le tsar Alexandre 1er de Russie. Les trois hommes sont présents sur le terrain, d’où le nom de « Bataille des Trois Empereurs » que l’on attribue à la bataille. À Austerlitz, Napoléon fait preuve d’un génie tactique impressionnant et sa victoire n’en est que plus fulgurante.

Représentation de la bataille d'Austerlitz
La bataille d'Austerlitz, par le peintre François Gérard

À la fin de l’année 1804 se forme la Troisième Coalition qui voit s’allier le Royaume-Uni, l’Autriche, la Russie et la Suède. Autrement, c’est du solide. La Prusse la rejoindra un peu plus, inquiétée par l’avancée toujours plus menaçante de Napoléon. La bataille d’Austerlitz fait suite à quelques événements préliminaires qui ont vu les Français s’imposer en Europe. En septembre 1805, Napoléon défait les Autrichiens du général Mack à Ulm en prenant la ville de façon très méthodique. Chaque unité connaissait son rôle. C’est notamment durant cette campagne que va s’illustrer une personnalité un peu particulière de la Grande Armée : Schulmeister. Schulmeister n’est pas un soldat à part entière, mais un espion. En août 1805, Mack est retranché dans Ulm. Napoléon envoie son espion rencontrer le général Autrichien. Schulmeister lui explique que les Français ne sont pas très nombreux et qu’ils ont prévu de passer par le sud.

En guise de preuves, il lui fournit des faux documents, mais aussi des vrais pour que la ruse soit plus crédible. Évidemment, c’est de la ruse pure et dure. Les Français sont très nombreux et prévoient de prendre Ulm rapidement. Le 20 octobre 1805, Mack doit se rendre, victime du piège tendu par l’espion de Napoléon. L’empereur français continue sa route à travers l’Europe. Munich est libéré peu de temps après et Vienne tombe le 13 novembre, sans aucun combat. Les troupes françaises sont loin de leur pays et les lignes d’approvisionnement commencent à se précariser. Malgré tout, ignorant les conseils de ses généraux de se retirer, Napoléon décide d’affronter l’ennemi. Fin novembre, il arrive à 100 km de Vienne, à Austerlitz, sur le plateau de Pratzen, avec une grande partie de son armée. Mais ça, Napoléon s’arrange pour que les Autrichiens ne le savent pas et croient que les Français sont peu nombreux, à peine 45 000. La réalité est complètement différente et les Autrichiens ne vont pas tarder à le découvrir…

Qui a gagné la bataille d'Austerlitz ?

Avant le combat, Napoléon, comme à son habitude, étudie le terrain avec ses généraux pour déployer la meilleure stratégie possible. Il explique à ses hommes que chacun aura un rôle précis à jouer et contribuera à la victoire, si le sort leur est favorable. Parallèlement, l’empereur pratique une intense politique de désinformation. Il veut faire croire aux Autrichiens et aux Russes que les Français ne se battront pas et chercheront la retraite. Plus rusé encore, Napoléon envoie son fidèle acolyte Savary demander un accord de paix. Napoléon feint la faiblesse et l’infériorité. Les Autrichiens et les Russes commencent à mordre à l’hameçon. 

Bonaparte va alors minutieusement poursuivre sa stratégie de désinformation. Il fait placer quelques troupes sur son aile droite, faisant croire aux forces coalisées qu’elles ont une large supériorité numérique et que la bataille est gagnée d’avance. L’état-major français répand l’idée d’une potentielle retraite sur Vienne. En réalité, si retraite il devait y avoir, elle serait opérée en direction de Paris. Ainsi, les Autrichiens et les Russes décident de barrer la route de Vienne à la Grande Armée, contraignant tous ses plans de repli. Napoléon se frotte les mains. Il prévoit de briser l’arme russo-autrichienne au centre, de la couper en deux et de l’écraser sur les deux ailes. Dans la nuit du 1er au 2 décembre 1805, Napoléon donne ses dernières directives. La bataille va bientôt commencer.

Le 2 décembre, au petit matin, vers 4h, les troupes des deux camps se mettent en mouvement. À huit heures, les Autrichiens attaquent les Français sur leur flanc droit. Les troupes autrichiennes sont appuyées par d’autres colonnes qui mettent les hommes de Napoléon dans une position délicate. Heureusement, les troupes du maréchal Davout, qui arrivent de Vienne, apportent leur soutien sur l’aile droite, qui tient bon. Vers 9h, Napoléon met en place son piège. Il lance une vaste offensive au centre sur le plateau de Pratzen. Émergeant du brouillard, les Français surprennent les forces coalisées et ouvrent un déluge de feu. À 11h, ils se rendent maîtres du centre du champ de bataille. Pendant ce temps, une violente attaque alliée éclate sur le flanc gauche, mais les cuirassiers de Murat parviennent à stopper l’ennemi. Armés de carabines, de pistolets et de longs sabres, les cuirassiers sont en quelque sorte une unité d’élite au sein de la Grande Armée. En début d’après-midi, le tsar Alexandre 1er, qui commande les forces coalisées, ordonne une offensive au centre pour chasser les Français. C’est un échec cuisant. À 14h, le coup décisif est porté et les Français sortent victorieux de la bataille d’Austerlitz, considérée encore aujourd’hui comme l’une des plus grandes prouesses militaires de Napoléon.

Pourquoi la bataille d'Austerlitz est-elle importante ?

Les forces coalisées ont subi de lourdes pertes à Austerlitz : environ 15 000 morts et blessés et quasi autant de prisonniers. Côté français, les chiffres sont bien inférieurs. Mais les véritables conséquences de la bataille sont d’ordre politique. Les Autrichiens et les Russes encaissent une lourde défaite qui les pousse, encore une fois, à se mettre à genoux devant Napoléon. L’empereur autrichien François Ier demande personnellement à son homologue français de cesser les combats et jure de ne plus lui faire la guerre. Un aveu de faiblesse lourd de conséquences pour son pays. Le 26 décembre, la France signe avec l’Autriche le traité de Presbourg. Napoléon gagne le retrait autrichien de la Troisième Coalition, les possessions autrichiennes en Italie et en Bavière et une indemnité coûteuse. Ce traité n’est que le premier d’une longue série qui verra les adversaires de la France perdre toujours plus d’influence.

Mais il y a un autre élément tout à fait intéressant dans ce traité. L’Autriche doit céder ses possessions allemandes, c’est-à-dire l’électorat de Bade, qui devient un grand-duché, la Bavière et le Wurtemberg, qui deviennent des royaumes. De ces trois entités va naître la Confédération du Rhin, qui regroupe tout bonnement les États satellites de l’Empire français, lui conférant une zone tampon hautement stratégique. Surtout, cette confédération naît des cendres du Saint-Empire romain germanique. Le fait que Napoléon bâtisse une entité servant ses intérêts sur les ruines d’Empire qui marqua l’Europe pendant des siècles irrite grandement ses adversaires. La confédération du Rhin sera, entre autres, la cause du déclenchement des guerres suivantes contre les différentes Coalitions. La bataille d’Austerlitz est donc une victoire décisive pour Napoléon qui avance ses pions en Europe. Mais des victoires comme celle-ci, il y en aura d’autres, et il ne faudra pas attendre longtemps…

La bataille d'Iéna (14 octobre 1806) : la Grande Armée de Napoléon invincible ?

Le contexte de la bataille d'Iéna

La bataille d’Iéna oppose la France, commandée par Napoléon Bonaparte, à la Prusse menée par le général Frédéric-Louis de Hohenlohe-Ingelfingen. Cette bataille s’inscrit dans le contexte plus large de la guerre de la Quatrième coalition. Face à lui, l’empereur français voit se dresser une alliance entre la Russie, la Suède, le Royaume-Uni et la Prusse. C’est contre cette dernière que Napoléon va enregistrer une victoire décisive dans sa progression en Europe, à Iéna.

En 1806, Napoléon est en position de force en Europe, ce qui inquiète grandement ses rivaux. L’Autriche a été mise à genoux après la terrible déroute d’Austerlitz, le Royaume-Uni cherche désespérément un accord avec la France, constatant toute l’ampleur de sa puissance militaire. Surtout, l’empereur français va prendre une décision qui va faire basculer la situation. Il va tout bonnement rassembler les États satellites, c’est-à-dire conquis, de la France sous une seule et même entité : la Confédération du Rhin. Cette politique annexionniste irrite le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume III, qui y voit une menace inquiétante pour la stabilité de l’Europe. À partir de ce moment, un sentiment de haine des Français, impulsé par la reine, va commencer à se développer en Prusse, mais aussi dans les territoires germaniques occupés par la Grande Armée. La tension entre les deux pays est maximale.

Le roi prussien et le tsar de Russie Alexandre 1er se recentrent et partagent leur souhait de voir la France défaite et repoussée à l’intérieur de ses frontières. En août 1806, la Quatrième Coalition est scellée. La guerre est inévitable. Début octobre 1806, Napoléon reçoit un ultimatum de la part de la Prusse qui le somme de se retirer de la rive gauche du Rhin. L’empereur n’en a que faire, il prépare ses hommes à la guerre. Se moquant de l’invective de Frédéric III de Prusse, Napoléon fait avancer ses hommes sur le territoire Prusse durant les jours qui suivent l’ultimatum, en guise de provocation. Il nomme le maréchal Lannes à la tête des armées. Les Prussiens opèrent une retraite vers le nord, laissant seulement une puissante arrière-garde à Iéna. Le 13 octobre, Lannes et ses hommes atteignent les alentours de la ville et se préparent à l’affrontement.

Iéna : une bataille éclair

Le 14 octobre 1806, à six heures du matin, Napoléon donne l’ordre de lancer l’offensive sur les flancs de l’armée prussienne, qui est brutalement réveillée par les coups de feu de l’artillerie française. Les hommes de Lannes, placés en hauteur, prennent rapidement l’avantage. L’artillerie française pilonne les positions adverses et rend la contre-attaque difficile, voire impossible. Les hommes du commandant prussien Hohenlohe-Ingelfingen sont forcés de battre en retraite, harcelés par les troupes leurs adversaires. Contrairement à Austerlitz, où Napoléon n’avait pas souhaité enfoncer les lignes ennemies, il donne à Iéna l’ordre de poursuivre les vaincus jusqu’à la destruction de leur armée. Les quelques renforts anglo-saxons n’y changeront rien, l’armée française étant dévastatrice. À midi, la victoire est acquise pour Napoléon. Côté Prussiens, on compte plus de 12 000 morts, dont des généraux de grande envergure. À cela s’ajoutent plus de 10 000 prisonniers, dont des hauts dignitaires militaires saxons. Les Français, eux, subissent des pertes moitié moindres.

Représentation de la bataille de Iéna
La bataille d'Iéna, par le peintre Horace Vernet

Les conséquences de la bataille d'Iéna

La victoire est décisive pour Napoléon dans la guerre face à la Quatrième Coalition, et de manière générale, pour sa progression en Europe. Surtout, en parallèle de ce succès militaire impressionnant, le 3ème corps d’armée français commandé par le maréchal Davout enregistre une victoire importante à Auerstaedt face à une partie de l’armée prussienne. Ces deux succès conjugués mettent la coalition ennemie dans une position bien délicate. Napoléon vient de mettre à genoux l’Europe. Le Royaume-Uni cherche toujours un accord de paix avec l’empereur, la Prusse a été humiliée et les autres alliés coalisés ne peuvent guère faire grand)chose. Fin octobre, Bonaparte et la Grande Armée entrent dans Berlin, signe d’une hégémonie assumée et décomplexée. 

Au sein de la population et de l’élite politique prussiennes, la défaite d’Iéna va provoquer une réaction en chaîne qui propulsera l’Allemagne vers l’unification quelques décennies plus tard. La classe politique prend conscience, à l’issue de la victoire napoléonienne, de la nécessité de construire une Allemagne unifiée, pouvant rivaliser avec la France, qu’il faut bâtir sur les vestiges du Saint-Empire romain germanique. Cette bataille a été essentielle dans la construction de l’identité allemande et dans l’émergence d’un véritable sentiment national. D’ailleurs, Bismarck, en 1871, lors de la proclamation de l’empire allemand dans le château de Versailles, dira : « Sans Iéna, pas de Sedan », faisant référence à une importante victoire prussienne dans le cadre de la guerre franco-prussienne de 1870.

La bataille de Friedland (14 juin 1807) : la stratégie infaillible de Napoléon

Le contexte de la bataille de Friedland

La bataille de Friedland est la dernière grande bataille de Napoléon contre la Quatrième Coalition. Elle met en branle la Grande Armée de Napoléon face à l’armée russe dirigée par le général Levin August von Bennigsen. Friedland se trouve dans l’actuelle exclave russe de Kaliningrad. Cette bataille est entrée au Panthéon des grandes victoires napoléoniennes tant elle est décisive pour l’empereur et humiliante pour son adversaire. Elle est, de nos jours, considérée à bien des égards comme l’une des plus grandes prouesses militaires de Napoléon, avec la bataille d’Austerlitz.

Représentation de la btaille de Friedland
La bataille de Freidland, par le peintre Horace Vernet

Après la bataille d’Iéna, Napoléon a continué d’enchaîner les succès et sa domination sur l’Europe n’a fait que grandir. Il est en passe d’écraser la Quatrième Coalition de manière spectaculaire. À l’hiver 1806-1807, la Grande Armée avance de façon remarquable et met le pied en Pologne obligeant les troupes russes et prussiennes à se retirer dramatiquement de plusieurs places fortes, dont la capitale Varsovie. Dans la Confédération du Rhin, on adopte la législation française et le Code civil. Les manoeuvres de Napoléon inquiètent grandement ses adversaires. Le général russe Benningsen décide de réagir et de porter l’offensive à Eylau, en Prusse orientale, le 18 janvier 1807. En résulte une boucherie des deux côtés, des combats âpres et sanglants, sans qu’aucune puissance ne prenne le dessus sur l’autre. Les positions restent quasi inchangées. Après la bataille d’Eylau, Napoléon veut couper la route de Koenigsberg aux Russes. Ces derniers se montrent plus rapides et contrarient les plans français. L’empereur ordonne alors d’opérer un repli stratégique.

Cependant, Benningsen commence à connaître les manoeuvres de son adversaire. Il décide, au lieu de suivre les Français dans leur retraite, de rejoindre des places fortes tenues par les Russes pour consolider sa ligne de défense. Environ 80 000 Russes se réfugient à Heilsberg, une ville hautement stratégique qui regorge de vivre. Trois corps d’armée, ceux de Soult, Murat et Lannes sont envoyés prendre la ville et écraser les Russes. Ils atteignent la ville le 10 juin. S’ouvre alors une bataille sanglante qui pousse les Russes à délaisser la ville pour rejoindre Koenigsberg coûte que coûte. Sur le chemin, ils se heurtent à une arrière-garde française, stationnée à Friedland. Nous sommes le 13 juin. Quand il apprend cela, Napoléon décide de lancer toutes ses troupes sur Friedland dans l’espoir d’écraser définitivement l’armée russe. Toute la Grande Armée se met en branle et file en direction de Friedland pour une bataille historique.

Les âpres combats de la bataille de Friedland

Le 14 juin, au petit matin, les combats s’ouvrent à Friedland entre les troupes de Benningsen et les troupes napoléoniennes qui étaient massées sur la ville. Les Français, malgré des Russes déterminés, parviennent rapidement à contenir leurs adversaires, notamment grâce à une artillerie qui ouvre un déluge de feu sur les lignes russes. Mais Benningsen n’est pas au bout de ses surprises. Il croit Napoléon et le reste de la Grande Armée sont trop loin pour venir en aide à leurs confrères. Malheureusement pour lui, ils sont très proches de Freidland. Ce n’est plus qu’une question de temps avant la défaite russe. En début d’après-midi, les Russes ne font plus face à une arrière-garde, mais à la Grande Armée toute entière. Une Grande Armée réputée invincible, une Grande Armée qui sème le doute dans la tête de Benningsen.

Napoléon va alors mettre en place une manoeuvre qu’il affectionne : briser le centre et écraser les ailes séparément. Il confie au corps d’armée de Ney la lourde de tâche de foncer sur Friedland, sans regarder sur les côtés, sans se soucier des ailes. Ney doit briser le centre, les autres s’occupent du reste. Le génie militaire de Napoléon fait à nouveau ses preuves. En fin d’après-midi, vers 17h, l’attaque est lancée. La finalité est sans appel : Ney entre victorieux dans la ville, chassant ainsi les Russes, pendant que Napoléon fait parler la puissance de son artillerie sur les ailes. Les Français enregistrent ainsi une victoire fulgurante mais surtout décisive. Pour les Russes, les pertes sont colossales et la déroute est totale.

La victoire française et les traités de Tilsit

La bataille de Friedland débouche sur les traités de Tilsit. Le premier est signé le 7 juillet entre la France et l’Empire de Russie. Le tsar Alexandre 1er n’avait plus les moyens de résister à la Grande Armée. Napoléon, de son côté, ne voulait pas pousser ses hommes trop loin, au risque de voir l’Autriche lui déclarer la guerre loin de ses bases. Ce traité fait de la France et de la Russie des alliés. Le 9 juillet est signé le second traité, entre la France et la Prusse. L’issue est relativement similaire. La Prusse devient également alliée de la France. C’en est fini de la guerre de la Quatrième Coalition. Mais, par ces traités, Napoléon s’attache surtout à démanteler ces deux puissances politiques et militaires. La Russie doit céder ses possessions en Méditerranée et les îles Ioniennes. La Prusse, quant à elle, subit des pertes plus humiliantes. Elle perd ses possessions à l’ouest de l’Elbe et en Pologne, donnant naissance au Duché de Varsovie. Surtout, les deux pays doivent verser à la France de lourdes indemnités de guerre. Napoléon étend encore plus son influence et sa puissance en Europe, par les armes et la diplomatie.

La bataille de Wagram (5 et 6 juillet 1809) : les signes du déclin de Napoléon

Le but de la bataille de Wagram

En 1809, Napoléon collectionne les victoires décisives les différentes coalitions. Mais la détermination de l’empereur est inchangée et il compte bien défaire ses adversaires dès que l’occasion se présente. Après Austerlitz, Iéna, Friedland et beaucoup d’autres, Napoléon porte ses hommes à Wagram, à 15 km au nord de Vienne, les 5 et 6 juillet 1809 pour vaincre l’Autriche dans le cadre de la guerre de la Cinquième Coalition. Cette dernière est composée de l’Empire d’Autriche et du Royaume-Uni. La guerre est d’une violence peu égalée et les deux armées en ressortent épuisées. Mais l’une l’a emporté, l’autre est, encore une fois, mise en déroute.

Depuis la défaite d’Austerlitz, l’Autriche n’a pas vraiment eu l’occasion de prendre sa revanche. Surtout, la France a continué d’étendre sa puissance en Europe en défaisant ses adversaires un à un. La Grande Armée était grandement redoutée et le génie militaire de Napoléon impressionnait. En 1805, au lendemain de la bataille d’Austerlitz, l’Autriche signe le traité de Presbourg avec la France qui l’oblige à sortir de la Troisième Coalition, à payer des indemnités de guerre colossales et surtout à céder ses possessions en Italie et en Bavière à l’Empire français. La suite, vous la connaissez. Napoléon écrase les Prussiens à Iéna et les Russes à Friedland, étendant ainsi son territoire en Europe. Se constituent de véritables États tampons qui donnent à Bonaparte toute la latitude nécessaire pour mettre l’Europe à genoux. Malgré cela, pas question de se résigner pour Frédéric II d’Autriche.

Début avril 1809, l’archiduc Charles d’Autriche-Teschen donne l’ordre à ses troupes de conquérir l’Italie en passant par la Bavière, de manière à retrouver la mainmise sur ses territoires. Napoléon pressentait une attaque autrichienne même s’il ne l’imaginait pas aussi tôt. Il envoie la Garde Impériale chasser les envahisseurs. Elle parvient à repousser les autrichiens au-delà la rive nord du Danube. Mais Napoléon ne compte pas s’arrêter là. Dans son élan, il lance ses hommes à l’assaut de Vienne, qui tombe en mai 1809. Solidement ancré le long du Danube, l’empereur français estime qu’il est temps de le traverser et de vaincre les troupes de l’archiduc Charles une bonne fois pour toutes. Néanmoins, les Autrichiens avaient anticipé cette manoeuvre française. Napoléon est contraint de temporiser et de construire son propre pont pour faire traverser ses troupes. La bataille attendra encore un peu. Fin juin, les travaux sont terminés, la Grande Armée est prête pour franchir le Danube. Dans la nuit du 4 au 5 juillet, elle passe enfin sur la rive gauche. L’archiduc Charles et ses hommes attendent patiemment les Français. La rencontre a lieu à Wagram, une dizaine de kilomètres au-dessus de Vienne, le 5 juillet 1809.

Représentation de la bataille de Wagram
La bataille de Wagram, par le peintre Henri Georges Jacques Chartier

La bataille de Wagram : une Grande Armée en difficulté

L’armée autrichienne compte environ 130 000 hommes et plus de 400 pièces d’artillerie. La France, elle, est un peu mieux équipée : plus de 150 000 hommes et 433 pièces d’artillerie. Napoléon prévoit de faire diversion plus au nord du champ de bataille principal pour attirer les Autrichiens et, parallèlement, les attaquer sur les ailes. Le but est d’étirer l’armée de l’archiduc Charles pour mieux la percer et la diviser. Charles avait eu vent de la stratégie française, mais le manque de communication au sein de l’armée autrichienne n’a pas permis une défense efficace. La première journée de combats est clairement à l’avantage des Français qui encerclent une partie de l’armée de Charles et lui font subir de lourdes pertes. De nombreux généraux autrichiens sont dans une situation délicate. Pour la riposte, il faudra attendre le lendemain.

Le deuxième jour est beaucoup plus animé. Charles prend conscience de l’étroitesse du front français. L’armée française ayant l’avantage dans cette configuration, l’archiduc opte pour une nouvelle stratégie : étirer les lignes françaises. Il donne l’ordre d’attaquer sur le franc droit pour attirer l’armée napoléonienne. En réalité, c’est une feinte. La véritable attaque est prévue sur le flanc gauche. Si l’attaque réussit, les Français seront alors encerclés, sans possibilité de retraite, car, derrière, se trouve le Danube…Le 6 juillet à six heures du matin, l’offensive est lancée. Mais l’armée autrichienne se disperse, la communication est médiocre et les renforts prévus n’arrivent pas. Le chaos est total. Davout et ses hommes parviennent relativement aisément à stopper les autrichiens, dont les plans sont totalement tombés à l’eau. Malgré tout, ils réussissent une avancée timide au centre, mais pas de quoi mettre en péril l’armée française, dont les canons douchent les espoirs de Charles. Dans l’après-midi, Napoléon met un dernier coup d’accélérateur. Il lance une offensive au centre et sur le flanc gauche pour en finir. L’armée autrichienne finit par abandonner le champ de bataille, ajoutant une nouvelle grande victoire au palmarès de Napoléon et de ses hommes.

La fin des campagnes napoléoniennes

Charles proposa un armistice pour mettre fin au carnage. Napoléon accepte. Malgré la victoire, le bilan est à nuancer. Wagram fut certes un succès majeur pour les Français, car il permet de mettre hors d’état de nuire les Autrichiens, mais Napoléon a bien failli échouer. Les pertes françaises sont colossales et les hommes sont épuisés. Si la guerre avait duré plus longtemps, l’issue aurait été sans doute très différente. Nous sommes loin des succès écrasants d’Austerlitz, de Iéna, ou de Friedland…Surtout, l’archiduc Charles n’a pas pu compter sur des renforts qu’il attendait depuis longtemps. Sans doute aurait-il défait les Français si ces troupes étaient arrivées. En réalité, la bataille de Wagram est symptomatique d’un certain déclin de la Grande Armée et de la férocité de ses hommes, qui s’épuisent à sillonner les routes d’Europe pour se battre. Les adversaires de Napoléon commencent également à connaître les subtilités stratégiques de l’empereur. Les coups d’éclat stratégiques se font rares…Surtout, à partir de là, les grandes victoires napoléoniennes vont progressivement céder le pas aux grandes défaites napoléoniennes qui auront raison de l’Empire français.

Napoléon a mené avec brio ses hommes à travers l’Europe pour défaire les plus grandes puissances militaires de l’époque. Son génie tactique, ses qualités de meneur et la férocité de son armée sont autant d’éléments qui lui font gagner des batailles décisives dans l’expansion de son empire. À Austerlitz, à Iéna, à Friedland ou encore à Wagram, il bat les Russes, les Prussiens ou encore les Anglais au cours d’affrontement parfois longs et sanglants. Napoléon a toute bonnement réussi à battre toutes les puissances d’Europe et de les pousser à signer des traités coûteux. Néanmoins, la Grande Armée, qui paraissait invincible, finira par battre de l’aile puis par s’effondrer définitivement à Waterloo en 1815. La même année, le Congrès de Vienne tire les leçons de ces années de guerre et favorise un équilibre des puissances qui, en théorie, permettra d’éviter de replonger toute l’Europe dans l’engrenage de la guerre.

Les grandes victoires de Napoléon : les moments forts

9 novembre 1799 : Arrivée au pouvoir de Napoléon par un coup d’État. Il devient premier consul de la République. 
12 mai 1802 : Napoléon est élu consul à vie.
2 décembre 1804 : Napoléon s’auto-proclame empereur au cours d’une cérémonie devenue mythique. Sa femme, Joséphine, est également couronnée impératrice.
20 octobre 1805 : Napoléon prend Ulm en défaisant le général autrichien Mack.
2 décembre 1805 : Bataille d’Austerlitz qui oppose la France à une armée alliée russo-autrichienne.
26 décembre 1805 : Traité de Presbourg signé entre la France et l’Autriche.
14 octobre 1806 : Bataille d’Iéna.
18 janvier 1807 : Bataille d’Eylau.
14 juin 1807 : Bataille de Friedland.
7 et 9 juillet 1807 : Traités de Tilsit signés entre la France et la Russie le 7 juillet, puis entre la France et la Prusse le 9 juillet.
Mai 1809 : Vienne tombe aux mains de Français.
5 et 6 juillet 1809 : Bataille de Wagram.

Les grandes victoires de Napoléon : l'essentiel

  • Lorsque Napoléon arrive au pouvoir, la guerre va rapidement devenir un pilier fondateur de sa vision de la puissance. Mais ces guerres doivent être menées hors de France. Ainsi, toute l’économie se tourne vers la guerre.
  • Il met sur pied une armée puissante, organisée et entraînée, qui prend le nom de Grande Armée. La Grande Armée est redoutée par ses adversaires à travers l’Europe. Elle regroupe environ 2 millions d’hommes, soit un chiffre colossal.
  • Napoléon structure son armée en corps et en divisions, permettant de mener des attaques sur différents fronts et de perturber l’ennemi.
  • L’empereur parvient à défaire toutes les grandes armées européennes et à pousser les grandes puissances à signer des traités coûteux. Quelques batailles sont entrées au panthéon des grandes victoires napoléoniennes.
  • À partir de l’été 1805, la Grande Armée progresse rapidement en Europe. En octobre, le général autrichien Mack se rend et laisse Ulm aux Français.
  • Le 2 décembre 1805, Napoléon bat une armée russo-autrichienne à Austerlitz. L’empereur fait preuve d’un génie tactique remarquable, assisté par des généraux de haut rang : Ney, Davout ou encore Murat. Ces derniers seront les artisans des autres grandes victoires de la France.
  • Le 26 décembre 1805, l’Autriche est contrainte de signer le traité de Presbourg. Elle devient alliée de la France, perd des possessions en Allemagne, mais aussi en Italie et elle doit payer de lourdes indemnités. 
  • Les possessions allemandes de l’Autriche (Bavière, Bade et Wurtemberg) sont cédées à Napoléon. De ces États naît la Confédération du Rhin, un vaste ensemble politique rassemblant les États satellites de la France. C’est une zone tampon hautement stratégique pour l’armée française. 
  • Le 14 octobre 1806, Napoléon défait la Prusse à Iéna. Les prussiens sont rapidement mis en déroute face à une Grande Armée surpuissante. 
  • Cette défaite cinglante va faire naître un désir d’unité au sein de l’élite politique prussienne. Une unité qui donnera naissance à l’empire allemand proclamé par Bismarck au château de Versailles en 1871.
  • Le 14 juin 1807, Napoléon bat une redoutable armée russe, menée par Benningsen, à Friedland
  • Au départ, les forces françaises sont peu nombreuses et les Russes croient qu’il suffira de quelques heures pour battre la Grande Armée. Mais ils ne savent pas que tout le reste de l’armée française est en route pour Friedland
  • La France va pousser la Russie et la Prusse par la même occasion à signer les traités de Tilsit les 7 et 9 juillet 1807. Les deux pays perdent quelques-unes de leurs possessions les plus stratégiques et sont contraints de verser des indemnités de guerre à la France. 
  • Les 5 et 6 juillet 1809, Napoléon se rend maître de Wagram en écrasant l’Autriche. 
  • Seulement, Napoléon a eu bien du mal à se défaire de ses adversaires, signe d’un lent déclin de la Grande Armée
  • Les hommes commencent à être fatigués de marcher des milliers de kilomètres à travers l’Europe. Surtout, les adversaires de la France commencent à connaître les stratégies de l’empereur français. 
  • L’union finira par faire la force et les puissances coalisées parviendront à vaincre définitivement l’Empire français et son brillant empereur : Napoléon Bonaparte.

Pour en savoir plus sur Napoléon :

  • Mikaberidze, Alexander, Les guerres napoléoniennes : une histoire globale, Flammarion, 2020
  • Castelot, Andrée, Napoléon, Perrin, 2019
  • Rambaud, Patrick, La bataille, Le livre de poche, 1999
  • Bainville, Jacques, Napoléon, 2023
  • Van Loo, Bart, Napoléon : l’ombre de la Révolution, Flammarion, 2023
  • Lentz, Thierry, Quand Napoléon inventait la France, Taillandier, 2008
  • Les guerres napoléoniennes (2022), dans Wikipédia
  • Napoléon (2022), dans Wikipédia
  • Le congrès de Vienne (2022), dans Wikipédia
  • Napoléon 1er, dans Histoire pour tous
  • Les guerres napoléoniennes, dans Napoléon.org

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