Ce que nous devons à Napoléon
L’oeuvre de Napoléon est bien souvent réduite à ses grandes campagnes militaires et à son génie stratégique. Seulement, l’époque napoléonienne, du Consulat à l’Empire, ne se limite certainement pas à des exploits guerriers. Sous Napoléon, la France connaît un ensemble de réformes majeures qui vont considérablement renforcer l’administration du pays. Si les inventions que l’on doit à Napoléon sont aussi importantes, c’est parce qu’elles sont, pour la plupart, encore en place aujourd’hui. Bien plus encore, notre société repose encore sur quelques unes de ces inventions, comme le Code Civil. Dans cet article, vous découvrirez 10 inventions que l’on connaît encore aujourd’hui et que l’on doit à Napoléon. Bonne lecture !
Sommaire
ToggleLe Code civil
C’est un secret pour personne, mais Napoléon est bel et bien l’inventeur d’un des textes juridiques français les importants : le bien connu Code civil. Le Code civil est promulgué le 21 mars 1804, dans le but de rassembler l’ensemble des lois françaises, après plusieurs tentatives avortées sous les précédents gouvernements. Le Code civil est l’illustration parfaite de la volonté de Napoléon d’organiser et d’encadrer la société. Comme aujourd’hui, il abordait tous les sujets : le mariage, la succession, la propriété ou encore les relations commerciales. Bien entendu, ce texte a évolué depuis sa création. De plus, il faut bien rappeler qu’il a été rédigé dans une société où les bourgeois dominaient. Ainsi, ils sont assez souvent avantagés par les lois inscrites dans le Code civil. Quoiqu’il en soit, dans la mémoire de l’époque napoléonienne, le Code civil est considéré comme l’une des plus grandes inventions de Napoléon Bonaparte.
Les lycées et l'Université
En 1802, Napoléon fonde les premiers lycées, pour garçons uniquement à l’origine. Cette entreprise s’inscrit dans la volonté de renforcer le monopole de l’État en termes d’éducation, alors même que l’Église contrôlait encore de nombreux établissements. De plus, c’est l’occasion pour Napoléon de restructurer la société et de redonner du sens à la carrière. Entouré d’experts et de conseillers avisés, Napoléon s’inspire des collèges de l’Ancien Régime mais aussi des écoles militaires, où la discipline régnait. Les lycées avaient pour vocation de former, comme le voulait Napoléon, des individus dévoués pour leur nation. C’est dans les lycées que l’on forge l’âme de fonctionnaire ou de militaire. C’est un cercle vertueux car en encadrant l’éducation des jeunes garçons, les pères de famille ont plus de temps pour travailler et servir le pays. Tout l’enseignement était chapeauté par l’Université impériale instaurée en 1806. Attention, l’Université ne désigne pas les établissements d’enseignement supérieur que nous connaissons aujourd’hui.
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Les préfets
Personnages hautement importants de notre système administratif actuel, les préfets sont institués sous le Consulat de Napoléon Bonaparte. Alors premier consul, Napoléon fonde en 1800 les préfectures, ces entités administratives que l’on connaît bien aujourd’hui. À la tête des préfectures, le premier consul place des préfets, dont la charge est de représenter l’autorité de l’État et de l’empereur (à partir de 1804) sur les départements. Dans la loi du 28 pluviôse de l’an VIII (17 février 1800), il est indiqué que « le préfet sera chargé seul de l’administration ». S’adressant aux préfets, majoritairement d’anciens révolutionnaires, Napoléon dira notamment : « Ne soyez jamais les hommes de la Révolution mais les hommes du gouvernement… et faites que la France date son bonheur de l’établissement des préfectures. »
La création des préfets s’inscrit pleinement dans l’idéal de discipline et d’ordre napoléonien. Forts de l’héritage de la Révolution, les préfets doivent toutefois assurer le maintien de l’ordre. Les préfets vont profondément s’enraciner dans la société, au point de devenir des éléments essentiels au bon fonctionnement de l’administration. Encore aujourd’hui, le corps préfectoral occupe une place très important au sein de la République.
La Légion d'honneur
Autre (ré)invention de Napoléon, mais qui ne concerne pas tout le monde ce coup-ci : la Légion d’honneur. Alors qu’elles avaient été interdites sous la Révolution française, Napoléon rétablit les décorations nationales récompensant aussi bien les militaires que les civils. L’Ordre de la Légion d’honneur est présidé par le chef de l’Etat lui-même, donc Napoléon. La première remise de décorations est organisée le 15 juillet 1804, date à laquelle Napoléon est déjà légalement empereur, bien que son sacre ne survienne qu’à la fin de l’année. Lors de cette cérémonie, plusieurs civils sont décorés pour des services rendus à la Nation. En 1812, un ouvrier-mineur se verra décoré de la Légion d’honneur pour acte de bravoure, après avoir sauvé plusieurs personnes d’une inondation dans la mine dans laquelle lui et ses camarades travaillaient.
Le baccalauréat
Historiquement, le baccalauréat existe depuis le Moyen-Âge. Il s’agissait du premier grade délivré par l’Université de Paris, qui deviendra plus tard la Sorbonne. Sous la Révolution française, l’Université de Paris est tout simplement supprimée. Le baccalauréat aussi, de fait. Sous le Consulat, Napoléon entreprend une vaste réforme du système éducatif, dont la création des lycées et de l’Université, évoquée plus haut, font partie. Avec cela, Napoléon Bonaparte rétablit le baccalauréat, qui constitue l’aboutissement du lycée et la condition d’entrée dans l’enseignement supérieur. À l’origine, il existait deux baccalauréats, un premier en Lettres, un second en Science conditionné par l’obtention du premier. Notez qu’à cette époque, le baccalauréat n’est ouvert qu’aux garçons. Dans l’’article 19 de la loi du 1er mai 1802, il est dit que « pour être admis à subir l’examen du baccalauréat dans la Faculté des Lettres, il faudra : 1° être âgé au moins de seize ans ; 2° répondre sur tout ce que l’on enseigne dans les hautes classes des Lycées. ». La première session du baccalauréat se tient en 1809. Au départ, 32 diplômes de bacheliers sont décernés. Seulement deux ans plus tard, plus de 1000 individus reçoivent le diplôme du baccalauréat.
La création de la Banque de France
La Banque de France a été instituée par Napoléon Bonaparte, mais c’est une idée plus ancienne. Déjà au début du XVIIIe siècle, la France avait connu plusieurs tentatives de création d’un organisme chargé d’émettre des billets de banque. Sous le règne de Louis XVI, Turgot, alors contrôleur général des finances, avait crée une Caisse d’escompte, sur le modèle de la Banque d’Angleterre. Après quelques autres tentatives sous le Directoire, c’est bel et bien sous Napoléon que la Banque de France voit le jour. Le 18 janvier 1800, la Banque de France est créée, absorbant l’ancienne Caisse des Comptes courants. Installée à Paris, elle est chargée d’émettre des billets mais surtout de contrôler les émissions. Le but est de relancer l’économie française, affaiblie par la Révolution. La Banque de France, en tant que banque centrale, peut ainsi prêter de l’argent aux banques commerciales, qui, elles, prêtent directement aux particuliers et aux entreprises. Si l’initiative est d’une importance capitale pour l’économie française, la population a encore du mal à se familiariser avec les billets. Les Français, adeptes des pièces en métaux précieux, préfèrent échanger leurs billets contre de l’or, ne faisant pas confiance au papier. Progressivement, les mentalités changeront et la Banque de France occupera une place centrale dans le paysage économique français.
La future Bourse de Paris
Napoléon n’a pas fondé la Bourse de Paris en tant qu’institution, mais il a ordonné et commandité la construction du magnifique palais dans lequel la Bourse a siégé pendant longtemps : le palais Brongniart. En 1807, Napoléon confie à l’architecte Alexandre Brongniart la charge de construire un bâtiment à l’apparence d’un temple antique, qui abritera la Bourse de Paris. Encore une fois, l’admiration de Napoléon pour l’Empire romain se retrouve dans ce grand projet architectural. Brongniart s’inspire du temple de Vespasien, empereur romain du Ier siècle après Jésus-Christ. La première pierre est posée en mars 1808. Napoléon ne verra pas la fin de la construction du palais. Brongniart non plus d’ailleurs. Le palais Brongniart est inauguré en 1826. La Bourse de Paris s’installera par la suite dans le palais, avant de disparaître en tant que lieu physique bien plus tard.
Le ramassage des ordures
À la fin du XVIIIe siècle, apparaît le mouvement hygiéniste, qui pointe du doigt le manque d’attention portée à l’hygiène et à la santé publique. À cette époque, la société française est confrontée à une prolifération de maladies, comme la tuberculose ou le choléra. Cette attention particulière portée à l’hygiène est aussi permise par les progrès de la médecine, qui permettent de mettre en lumière les causes de certaines maladies. Par un décret du 15 octobre 1810, Napoléon crée le ramassage des ordures, considérées comme dangereuses pour la santé. En effet, les ordures sont porteuses de maladies et de virus, qui peuvent facilement se propager au sein de la population. Il s’agit là d’un constat sanitaire toujours valable de nos jours.
La numérotation des rues
On doit à Napoléon cette drôle d’invention bien ancrée dans notre quotidien : la numérotation des rues. Le 4 février 1805, Napoléon décide de numéroter les maisons selon un schéma encore en vigueur aujourd’hui : les numéros pairs à droite et les numéros impairs à gauche. Encore une fois, cette idée n’est pas nouvelle, mais c’est Napoléon qui la formalise et la généralise. À l’origine, l’objectif d’une telle mesure était de faciliter la collecte de l’impôt dans tout l’Empire. L’entretien des numéros était de la responsabilité du propriétaire, qui devait faire en sorte que son numéro soit visible de tous, ce qui ne plaisait pas à tout le monde…
La construction de l’Arc de Triomphe
L’Arc de Triomphe est aujourd’hui un monument incontournable de Paris. C’est Napoléon qui ordonna sa construction, en 1806. L’empereur des Français ne sort pas cette idée de nulle part et s’inspire largement de la tradition romaine. L’Arc de Triomphe voulu par l’empereur est un hommage à la gloire de la Grande Armée, grâce à laquelle il a remporté, déjà en 1806, quelques grandes batailles. La légende veut que Napoléon, après la victoire à Austerlitz, ait dit à ses hommes la phrase suivante : « Vous ne rentrerez dans vos foyers que sous des arcs de Triomphe ». Seulement, l’inauguration de ce somptueux monument se fit bien plus tard. Ce n’est que le 15 décembre 1840 que le monument fut officiellement consacré. Ce jour-là, un char funèbre portant la dépouille de l’empereur Napoléon Bonaparte passa sous l’Arc de Triomphe.
Pour en savoir plus sur Napoléon
- Bainville, Jacques, Napoléon, 2023 / Voir sur Amazon
- Van Loo, Bart, Napoléon : l’ombre de la Révolution, Flammarion, 2023 / Voir sur Amazon
- Castelot, André, Napoléon, Perrin, 2019 / Voir sur Amazon
- Lentz, Thierry, Quand Napoléon inventait la France, Taillandier, 2008
- Napoléon, (2022), dans Wikipédia
- Napoléon, dans napoleon.org, site de la fondation Napoléon