Ouvrir un deuxième front en URSS : le péché d’orgueil d’Hitler
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Quatrième article de notre dossier sur les erreurs stratégiques commises par Hitler au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Sommaire
ToggleHitler brise le pacte germano-soviétique : l’opération Barbarossa
Le 22 juin 194, Hitler lance l’opération Barbarossa, qui correspond à l’invasion de l’URSS, considérée comme un enjeu majeur dans l’extension de l’espace vital allemand. L’espace vital tant rêvé par Hitler correspond à une aire d’épanouissement de la “race” aryenne, au détriment des autres populations. Cet espace s’étend surtout à l’est de l’Europe. Envahir l’URSS était le bouquet final du grand projet d’Hitler, formulé à demi-mots, quoique, dans Mein Kampf. Pour cela, il lance des milliers d’hommes, de chars et d’avions à la conquête du pays de Staline. Pour Hitler, ce sera l’affaire de 5 mois, pas plus.
Seulement, les calculs du führer ne satisfont pas ses généraux, qui y voient un plan complètement fou, voire irréalisable. Ces derniers optent pour un repli stratégique, qui n’était pas synonyme de défaite. Même Staline est surpris d’Hitler, qu’il juge assez culotté pour ouvrir un second front à l’est. Mais Hitler est entêté et lorsque ses généraux lui expliquent que l’armée commence à manquer de carburant, le führer rétorque qu’il faut alors s’emparer des puits de pétrole caucasiens. Rien ne semble pouvoir le faire changer d’avis. Et la réalité des débuts de l’opération Barbarossa va lui donner raison.
L’espace vital tant rêvé par Hitler correspond à une aire d’épanouissement de la “race” aryenne, au détriment des autres populations.
L’Armée Rouge n’est pas prête, elle se défend sans aucune stratégie et avec un manque cruel de cadres, victimes pour beaucoup des purges de Staline dans les années 1930. Malgré tout, l’environnement rattrape rapidement les troupes allemandes : froid, routes impraticables, manque de vivres, pluies diluviennes… Hitler avait sous-estimé les conditions climatiques, dont il n’avait certainement aucune connaissance réelle. Pas plus que les distances qu’Hitler évaluait à l’emporte-pièce. Les Allemands sont obligés de piller, voler et tuer des civils pour vivre et continuer d’avancer. Les Soviétiques, sur la retraite, pratiquent la politique de la terre brûlée, rendant l’avancée allemande difficile. Hitler ne réalise pas une seconde l’ampleur de la réalité. Il s’entête, toujours plus.
Hitler envahit Stalingrad coûte que coûte
En tant que tel, prendre Stalingrad est une décision à la fois symbolique et stratégique.
Le 23 juillet 1942, comme si cela ne suffisait pas, Hitler envoie un ordre à ses troupes et divise ainsi son armée en deux : une qui ira dans la Caucase, l’autre sur Stalingrad. Certes, le symbole est fort, mais stratégiquement, c’est une énorme erreur. Les généraux allemands n’en reviennent pas, mais n’ont pas les moyens d’influencer le führer. En tant que tel, prendre Stalingrad est une décision à la fois symbolique et stratégique. C’est la ville de Staline, comme son nom l’indique, mais c’est aussi une ville industrielle par laquelle passe le fleuve de la Volga. Or, couper les moyens de communication sur la Volga signifie priver les soviétiques de l’aide américaine qui passe par là. Seulement, prendre cette décision à ce moment de la guerre, dans de telles conditions et en divisant l’armée deux, cela relève de l’inconscience.
En août 1942, les Allemands arrivent à Stalingrad et y rentrent sans hésiter. Pour Hitler, l’objectif est de raser la ville avec ses habitants, jugés inférieurs, en application de sa théorie des races. Là encore, il y a sans doute une erreur de commise. Les Allemands n’avaient pas l’habitude de combattre dans des villes en ruines et ne connaissaient pas la guérilla urbaine. Les panzers, qui étaient l’atout principal de l’armée allemande, ne servent quasiment plus à rien dans Stalingrad. Le combat est nettement différent de ce qu’ils ont connu. Sans doute aurait-il fallu encercler la ville d’abord… Les Soviétiques se battent sans relâche, alimentés par des renforts qui arrivent en permanence. Les Allemands, eux, commencent à manquer de ressources, de vivres et de ravitaillements. L’hiver approchant, ils ne sont pas équipés pour affronter le froid.
À l’arrière, les camions de ravitaillements ne peuvent pas avancer. Hitler refuse de reculer et demande à ses troupes de rester dans Stalingrad coûte que coûte. Finalement, les Soviétiques vont lancer une contre-offensive de grande ampleur, autour de la ville, pour l’encercler. Le 23 novembre 1942, les Allemands sont complètement encerclés et coincés dans Stalingrad, dans des conditions de vie extrêmes.
L’URSS met en déroute les Allemands et étouffent toutes leurs tentatives de fuite en dehors des murs en ruine de la ville. Les troupes allemandes du Général Paulus sont contraintes de capituler, à genoux dans Stalingrad, le 2 février 1943. Cette violente défaite marque un tournant dans la Seconde Guerre mondiale. Le temps des victoires du Reich est révolu. Sa chute n’est qu’une question de temps. Hitler n’a pas fini de faire des erreurs.
Pour en savoir plus sur l'alliance germano-italienne :
- Lopez, Jean & Otkhmezuri, Lasha Barbarossa : 1941. La guerre absolue, Passés composés, 2019
- Semenov, Julian, Opération Barbarossa, Polar, 2022
- Opération Barbarossa, (2022), dans Wikipédia
- Invasion de l’Union soviétique, (2022), dans Holocaust Encyclopedia
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