L’alliance avec l’Italie : l’erreur d’appréciation d’Hitler
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Troisième article de notre dossier sur les erreurs stratégiques commises par Hitler au cours de la Seconde Guerre mondiale.
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ToggleItalie, Allemagne, Japon : les forces de l’Axe
Si Hitler a commis des erreurs stratégiques de grande ampleur, il faut bien admettre que certains de ses alliés ne l’ont pas véritablement aidé dans sa conduite de la guerre. L’alliance avec l’Italie, scellée en 1936, va rapidement se révéler être une profonde erreur stratégique pour l’Allemagne. Mussolini et Hitler sont deux personnages bien différents et dont le rapprochement était loin d’être une évidence.Bien qu’on les associe tous les deux à des chefs totalitaires, il ne faut surtout pas les mettre dans le même panier. Pourtant, leur destin se sont croisés. L’Allemagne et l’Italie ont su se comprendre et s’entendre.
L’Allemagne nazie, hantée par le spectre du traité de Versailles, et l’Italie, marquée par leur victoire « mutiliée » de 1918, décident de former une alliance avec le Japon, le 1er novembre 1936 depuis Milan. Se crée alors ce qu’on appelle communément « l’Axe ». À partir de ce moment-là, l’amitié entre l’Italie et l’Allemagne va aller bon train. Mussolini intègre le pacte anti-komintern, Hitler est à Rome en mai 1938 et les deux régimes totalitaires signent en mai 1939 le pacte d’Acier, qui unit les forces militaires italiennes et allemandes. Lorsque le dirigeant nazi ouvre les hostilités de la Seconde Guerre mondiale, il peut compter sur son allié italien.
Seulement, l’allié italien va rapidement devenir un poids pour Hitler.
Italie : une amitié pas si bénéfique
Au début de la Seconde Guerre mondiale, Hitler engrange des succès spectaculaires, mettant toute l’Europe de l’Ouest à genoux. À la fin de l’année 1940, Hitler est dans une position pour le moins confortable. La France a signé l’armistice, l’Angleterre est encore sonnée et l’Italie assure à l’Allemagne un filet de sécurité au sud de l’Europe. Cependant, Mussolini, mégalomane et vaniteux, est jaloux des succès de son homologue allemand et souhaite, lui aussi, montrer qu’il peut remporter de grandes batailles. Il souhaite prendre une sorte de revanche sur la « victoire mutilée » de 1918. C’est alors qu’il va se tourner vers les Balkans et plus particulièrement vers la Grèce, cible idéale pour le Duce.
Le 27 octobre 1940, Mussolini adresse un ultimatum au gouvernement grecque : il demande à ce que ses troupes puissent entrer librement sur le territoire grecque pour y occuper des places stratégiques. Le chef du gouvernement, Metaxas, refuse de se soumettre. Débute alors ce qu’on appelle la guerre italo-grecque, qui va durer jusqu’au 6 avril 1941. À cette date, la situation est bien mitigée. Les Italiens n’ont guère réussi à se rendre maîtres de la Grèce et la résistance grecque a durement lutté. Face-à-face, les deux armées ne sont plus en mesure de lancer une attaque de grande ampleur.
Le succès militaire tant désiré par Mussolini semble lui échapper. Une seule solution semble pouvoir le sortir du bourbier grecque : l’aide de l’Allemagne. Hitler doit alors détacher une partie de ses troupes pour venir en aide à son allié italien. C’est à ce moment-là que l’alliance germano-italienne commence à compromettre les projets d’Hitler. On considère que l’intervention allemande a retardé le début de l’opération Barbarossa, l’invasion de l’URSS. Hitler est alors contraint de faire démarrer l’opération en juin 1941, avec moins de moyens humains et matériels.
Bien entendu, l’intervention forcée en Grèce n’est pas la raison de l’échec de l’invasion de l’URSS. Ce serait trop réducteur de dire cela. Toutefois, elle a fortement bridé Hitler dans l’exécution de ses plans. Par conséquent, nous pouvons considérer que l’amitié germano-italienne s’est révélée être un poids, voire un fardeau pour le dirigeant nazi, davantage focalisé sur son grand dessein idéologique que sur le sort de « l’Axe ». En réalité, Hitler n’avait que faire de ses alliés, tout comme il a enfreint le pacte germano-soviétique sans aucun scrupule. D’ailleurs, la victoire en Grèce sera la sienne et non celle de Mussolini. Hitler s’en donne à coeur-joie d’avoir joué le sauveur. Face à lui, Mussolini, lui aussi, avait le souhait de marquer l’histoire et d’écrire la sienne. Cependant, il ne faut pas penser qu’Hitler n’avait aucune considération pour Mussolini. La correspondance entre les deux hommes le prouvent. Seulement, Mussolini a parfois été un fardeau pour Hitler.
Pour en savoir plus sur l'alliance germano-italienne :
- Milza, Pierre, Conversations Hitler-Mussolini, Fayard, 2013
- Collin-Delavaud, Claude, Les sept erreurs stratégiques fatales de Hitler, Economica, 2007
- Axe Berlin-Rome-Tokyo, (2022), dans Wikipédia
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