Serf
À l’époque médiévale, un serf un travailleur non-libre attaché à une terre et dépendant du propriétaire de cette terre, qui est bien souvent un seigneur. Ce dernier doit, en contrepartie, garantir la protection physique et juridique du serf et lui permettre de subvenir à ses besoins vitaux. La notion de servage a évolué tout au long du Moyen-Âge, donnant lieu à des définitions différentes. Le serf du début de l’époque médiévale est en réalité proche d’un esclave romain tandis que le serf du XIe siècle est un individu doté d’une certaine personnalité juridique. La notion est donc à manipuler avec prudence. Lorsque l’on évoque le servage dans les manuels d’Histoire, on se réfère bien souvent au « nouveau » servage, celui qui est en vigueur à partir du XIe siècle, qui se distingue clairement de l’esclavage et qui caractérise souvent la fameuse pyramide féodale.

Dans son quotidien, le serf consacre une part significative de son temps à cultiver les terres de son propriétaire, tout en s’efforçant de faire vivre sa famille sur les lopins (tenures) qui lui sont concédés. Il est redevable de multiples corvées, tributs en nature et taxes ponctuelles, notamment à l’occasion d’événements marquants comme le mariage d’un enfant du propriétaire. Le serf, surtout à partir du XIe siècle, a des droits qu’il peut faire valoir devant la justice. Il est doté d’une certaine autonomie, toute relative néanmoins. Dans de nombreux cas, le paysan pouvait vendre les produits qu’il ne consommait pas dans les marchés et les foires. S’il parvenait à amasser une épargne suffisante, il pouvait racheter sa terre et ainsi sa liberté. C’est comme cela qu’est apparu ensuite le phénomène de fermage, le propriétaire louant alors la terre au paysan pour qu’il exploite à sa guise. Le statut de serf pouvait être hérité des parents mais l’hérédité ne définissait pas pleinement la condition de serf. En cas de mariage mixte entre un serf et une personne libre, le statut des enfants dépendait généralement de la légitimité et du sexe du parent serf. Les droits d’héritage variaient selon les régions d’Europe.
Comme nous l’avons esquissé, la notion de servage a profondément évolué au fil de l’époque médiévale, s’affranchissant progressivement de son héritage antique et devenant une réalité indépendante régie par ses propres caractéristiques. Le servage et par extension le statut de serf doivent être étudiés de manière dynamique, tant les disparités temporelles et géographiques sont importantes. Il est important de comprendre que le servage est un sujet complexe qui a fait et qui fait toujours l’objet de réflexions poussées de la part d’historiens médiévistes. À ce titre, je vous recommande l’excellent écrit de Nicolas Carrier sur la servitude paru dans la revue Médiévale en 2022 et intitulé : « De l’esclavage au servage : pour une étude des dynamiques de la servitude ». Il y fait une véritable historiographie de la servitude en mettant en lumière les différentes thèses défendues, suggérant toujours plus la complexité du sujet.
Quelle est la différence entre un serf et un esclave ?
L’esclavage et le servage sont deux réalités différentes, bien qu’elles aient été parfois assimilées dans l’historiographie. Un esclave est un individu non-libre que l’on peut acheter et vendre, contrairement au serf dont on ne peut acheter que le travail. De plus, le maître exerce un contrôle plein et entier sur la vie de l’esclave, contrairement au propriétaire du serf qui lui accorde une autonomie plus grande.
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