Moments d'Histoire

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8 Faits historiques sur Noël

L’origine de Noël, célébrée aujourd’hui à travers le monde, est le fruit d’une longue évolution historique mêlant traditions païennes et pratiques chrétiennes. Bien avant l’ère chrétienne, les civilisations antiques organisaient des festivités en lien avec le solstice d’hiver, ce moment de l’année où les jours, après avoir atteint leur plus grande obscurité, commencent à rallonger. Les Romains, par exemple, célébraient les Saturnales, une fête en l’honneur du dieu Saturne, marquée par des banquets, des échanges de cadeaux et une suspension temporaire des hiérarchies sociales. Dans les cultures germaniques et nordiques, la fête de Yule honorait les divinités solaires et comprenait des rituels autour du feu, symbolisant le retour de la lumière et l’espoir d’une année fertile.

Avec l’expansion du christianisme à partir du IVᵉ siècle, ces traditions furent progressivement intégrées à la liturgie chrétienne. L’Église, cherchant à convertir les peuples païens tout en respectant leurs coutumes profondément ancrées, fixa la célébration de la naissance de Jésus-Christ au 25 décembre. Cette date, bien qu’absente des Évangiles, coïncidait avec le Dies Natalis Solis Invicti (Jour de naissance du Soleil Invaincu), une fête romaine dédiée au dieu solaire Mithra. Jésus fut alors symboliquement présenté comme la véritable lumière du monde, apportant la rédemption et l’espoir spirituel.

Saint-Nicolas

Au fil des siècles, Noël devint un moment central de la vie chrétienne, se parant de nouveaux rites et symboles. Le sapin, d’origine païenne, fut adopté comme représentation de l’arbre de vie, tandis que les échanges de présents faisaient écho aux dons des Mages. La fête, à la fois spirituelle et communautaire, transcenda peu à peu les frontières culturelles pour devenir une célébration universelle, incarnant la paix, la générosité et le renouveau. Le Père Noël serait très nettement inspiré de Saint-Nicolas, évêque de Myre (aujourd’hui en Turquie) au IVe siècle, celèbre pour sa générosité, notamment envers les enfants. Ainsi, Noël reflète une fascinante rencontre entre la quête humaine de sens, la puissance des traditions anciennes et le message d’espérance porté par le christianisme.

1647 en Angleterre : Noël interdit ?

En 1647, l’Angleterre traverse une période de bouleversements politiques et religieux, marqué une guerre civile entre les défenseurs de monarchie et les partisans de son abolition, dont Oliver Cromwell est une figure centrale. Cet affrontement éminemment politique était associé à de profondes tensions religieuses qui traversaient l’Angleterre à cette époque. Le catholicisme anglais se voit contester par un mouvement issu du protestantisme : le « puritanisme ». Ces derniers s’opposant à de nombreuses pratiques catholiques, ils parviennent à faire voter au Parlement l’abolition de Noël comme jour de fête. Considérant Noël comme une fête païenne déguisée en célébration chrétienne, Cromwell et les siens parviennent à en faire interdire toutes les manifestations : décorations, festins, et même les offices religieux. 

Notons que, contrairement à une idée reçue célèbre, ce n’est pas Cromwell lui-même qui a interdit Noël mais l’ensemble du mouvement puritain au parlement, dont il faisait parti. Seul, il n’aurait rien pu faire. Dès lors, des patrouilles de soldats parcourent les rues pour s’assurer que les tavernes restent fermées et que personne ne célèbre. Cette austérité provoque une vague de mécontentement parmi la population. Des émeutes éclatent, notamment à Canterbury, où des habitants bravent l’interdiction pour organiser un marché de Noël clandestin. Avec le retour de la monarchie en 1660, cette période sombre prend fin et Noël reprend sa place dans le cœur des Anglais.

Oliver Crowwell
Oliver Cromwell

1812 ou le dur Noël des troupes napoléoniennes

À la fin de l’année 1812, les troupes de Napoléon sont quelque peu enlisées dans le froid hivernal russe, symbole d’une campagne de Russie qui s’achève dans le chaos. À la Noël 1812, les survivants de la Grande Armée, harassés par les attaques incessantes et le froid extrême, célèbrent la fête de Noël dans des conditions désastreuses.

Certains improvisent un repas à base de viande de cheval et de pain gelé, d’autres se contentent de souvenirs chaleureux partagés autour d’un feu de fortune. Malgré les privations, cet épisode montre la capacité des hommes à s’accrocher à des rituels porteurs d’espoir dans les pires circonstances. Cette bien triste célébration de Noël est le reflet de l’épuisement général de la Grande Armée, éprouvée par des années de campagne loin des terres françaises.

La trêve de Noël dans les tranchées (1914)

Le 24 décembre 1914, la Première Guerre mondiale connaît une pause inattendue, alors même que tout le monde pensait que la guerre allait être terminée avant Noël. Sur le front occidental, des soldats allemands, britanniques et français, exténués par des mois de combats acharnés, improvisent une trêve. Alors que les tranchées sont le reflet de l’atrocité et de l’horreur de la guerre, une toute autre atmosphère se déploie alors.  Tout commence avec des chants de Noël entonnés depuis les tranchées allemandes, auxquels les Alliés répondent en écho. 

Soldats britanniques et allemands trêve de 1914
Soldats allemands et britanniques réunis dans le no man's land lors de la trêve de 1914

Des bougies illuminent les positions ennemies, et bientôt, des hommes osent sortir du no man’s land pour échanger des friandises, du tabac et même de l’alcool. Certaines troupes organisent des matchs de football improvisés dans la boue, tandis que d’autres enterrent leurs morts dans une atmosphère de recueillement commun. Cette trêve, bien que temporaire, reste un puissant symbole d’humanité en pleine barbarie.

La bûche de Noël : du foyer à la table

La bûche de Noël, dessert incontournable des fêtes, tire son origine d’un rituel ancestral européen. À l’époque médiévale, une bûche, souvent d’un bois précieux comme le chêne, était choisie avec soin pour être brûlée dans l’âtre le soir du solstice d’hiver. Elle devait se consumer lentement, symbolisant la lumière et la chaleur en période de ténèbres.

Au XIXe siècle, avec l’avènement des poêles modernes et la disparition des grandes cheminées, cette coutume évolue. Les pâtissiers français réinventent la tradition sous la forme d’un dessert en forme de bûche, garni de crème et souvent orné de décorations évoquant la nature.

La naissance de Silent Night (1818)

Le chant de Noël mondialement connu Silent Night trouve ses origines dans un village autrichien, Oberndorf bei Salzburg. En 1818, l’abbé Joseph Mohr, qui semble confronté à un orgue défectueux la veille de Noël, compose en urgence un poème qu’il confie à Franz Xaver Gruber, l’organiste local. Rappelons toutefois que cette version n’est pas certaine, mais il est fort probable que l’état défectueux d’un orgue soit à l’origine de cette chanson ! 

Gruber met en musique ces paroles simples mais poignantes, adaptées pour être chantées avec un accompagnement à la guitare. La première interprétation, dans l’église Saint-Nicolas, est un succès immédiat. Rapidement traduit, le chant se diffuse dans le monde entier, devenant un hymne universel de paix.

La première carte de Noël imprimée (1843)

En 1843, en Angleterre, Sir Henry Cole, pionnier des services postaux, cherche un moyen de populariser l’envoi de correspondance. Il commande à l’artiste John Callcott Horsley une illustration représentant une famille réunie autour d’un banquet de Noël, accompagnée du message : A Merry Christmas and a Happy New Year to You.

Produite en série, cette carte marque le début d’une tradition aujourd’hui mondiale. Bien que son prix la rende inaccessible à beaucoup à l’époque, elle connaît un succès immédiat et démocratise l’échange de vœux écrits.

Le Père Noël, figure patriotique pendant la guerre civile américaine (1863)

Durant la guerre civile américaine, l’illustrateur Thomas Nast popularise l’image moderne du Père Noël, dans le magazine Harper’s Weekly. Il le représente non seulement comme un distributeur de jouets pour les enfants, mais aussi comme un allié des Nordistes.

Dans certaines illustrations, le Père Noël apparaît vêtu d’un manteau aux couleurs du drapeau américain, distribuant des cadeaux aux soldats de l’Union. Ces représentations renforcent le moral des troupes et associent Noël à des valeurs d’unité et de générosité, même en temps de guerre. Comme vous le savez sans doute, cette image du Père Noël sera reprise en 1931 par la marque Coca-Cola dans le cadre d’une campagne publicitaire. Mais attention aux croyances populaire, Coca-Cola n’a pas inventé le Père Noël rouge avec sa longue barbe blanche !

Thomas Nast
Dessin de Thomas Nast paru dans le journal Harper's Weekly en 1862, représentant Saint-Nicolas dans son traîneau

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